J’avais prévu un week-end en Normandie pour redécouvrir les villes d’Etretat, de Deauville, d’Honfleur aux charmes infinis, mais aussi Le Havre et son port aux dimensions spectaculaires. Pour cela, il me fallait un noble destrier, capable d’avaler les petites départementales sans rechigner, qui aime le soleil comme les route détrempées. Un style agressif pour effrayer les portes conteneurs mais aussi distingué pour attendrir les maisons bourgeoises de la côte.
Cela fait beaucoup de critères me diriez-vous… Mais il faut une voiture à la hauteur de cette région trop souvent blâmée pour sa météo !
J’ai donc choisi une Abarth 124 GT. Elle m’intriguait depuis le jour où cette voiture a pointé son long museau. En effet, La marque au scorpion me faisait un peu peur ces derniers temps… étant donné qu’ils empruntent des véhicules Fiat pour faire leurs diaboliques montures, le terrain de jeux était… restreint… une Panda ? ! Une Tipo ? Rien de bon augure. Ils ont donc développé un jouet que personne n’attendait. La 124 !

Je suis allé chercher le bolide et j’ai récupéré madame qui ne s’attendait pas à monter dans une barquette d’égoïste ! Heureusement, elle a été comblée par ses lignes et s’est empressée de jeter son sac dans le coffre pour découvrir la bête.
Comment ne pas tomber amoureux du design en même temps… les coloris sont racés sans tomber dans l’ostentatoire. Le carbone du hard top partage la vedette avec un bleu nuit du plus bel effet. Les jantes OZ noir et le diffuseur proéminent rappellent les gènes du rallye. Les grosses optiques avant font hommage à sa grande sœur. La voiture fait tourner les têtes soyez-en sûr ! Ce type de carrosserie est devenu trop rare de notre temps… Les proportions quasi similaires à la mx-5 n’ont pas empêché les designers Abarth de créer un véhicule à part entière, avec ses propres lignes, ses propres originalités.

Il est l’heure de prendre la route en direction de Deauville. Un trajet mêlant voies rapides, départementales ennuyeuses, mais aussi petits chemins tortueux ! Le tout permettant de se faire une bonne idée de la voiture. Et, à ma grande surprise, elle n’est pas réservée uniquement aux sorties du week-end ! Sur l’autoroute, elle est un peu bruyante il est vrai. Gain de poids oblige, les insonorisations ont été licenciées. En revanche, le moteur est plutôt effacé à vitesse constante (vous allez voir par la suite que la discrétion n’est pas la première de ses qualités.). L’assise est étonnement confortable et la position de conduite agréable pour avaler les kilomètres. On peut remercier aussi Mazda pour avoir laissé le régulateur et le limiteur de vitesse. Si vous avez lu mon article sur la 695 Rivale, vous avez du remarquer qu’Abarth et les options essentielles, ce n’est pas une grande histoire d’amour…

Assez parlé autoroute, il est temps d’emprunter le réseau secondaire. La nuit se fait de plus en plus présente, et un défaut immédiat apparait… à cause de ces satanés SUV ! Nous sommes assis dans les faisceaux lumineux de ces véhicules ! J’ai été ébloui à de trop nombreuses reprises… Néanmoins, une fois tous les SUV garés dans les quartiers résidentiels pour regarder le journal de 20h, la route était mienne. Et cela, jusqu’à l’hôtel.
Après une bonne nuit de sommeil, nous avons pris la route en direction d’Etretat, en empruntant les départementales côtières. Le temps n’était pas de la partie malheureusement. Le hard Top était donc idéal ! Les petites routes sinueuses et grasses commencent à révéler la philosophie de la voiture :

Commençons par son châssis. Cette petite merveille du monde automobile. Sur la MX-5, il était déjà excellent. Mais sur la 124, il est parfait. C’est sur ce point que l’on distingue réellement les deux voitures. L’Abarth est doté d’amortissement Bilstein. Plus ferme que d’origine. On retrouve une barre antiroulis plus rigide. Et un sacrosaint différentiel à glissement limité.
Cette soupe de nouveaux éléments métamorphose la conduite joueuse/GT de la MX-5 en danseuse de balais russe ! Elle est efficace, encore plus joueuse, plus incisive, plus directe, elle se mène avec précision !
Chaque freinage appuyé vient nous rappeler l’agilité du train arrière. Cela nous permet de réapprendre à freiner les roues bien droites, sinon, c’est une dérive impitoyable mais jouissive qui commence.
Elle raffole des transferts de charges, un léger appel/contre appel et elle vient faire ronronner les pneus de manière progressive et très amusante.
Pour maintenir cette glisse, il suffit de reprendre légèrement les gaz et laisser le différentiel à glissement limité répartir parfaitement le couple entre les deux roues arrière. Et c’est dans ce type de situation que l’on comprend l’importance d’une bonne position de conduite. En effet, nous sommes quasiment assis sur le train arrière, au ras du sol, allongé et le volant proche du torse. Tous ces facteurs réunis, on se retrouve maître du véhicule grâce au ressenti et la communication homme/machine.
L’avantage de cette position peut être aussi financière. Quoi ? Financière ? Laissez-moi vous expliquer voyons ! Etant assis tout près du sol, votre sensation de vitesse est décuplée, du coup, sur une départementale à 80 km/h, pas besoin de rouler à des allures d’enfer pour s’éclater. Le permis est donc bien gardé et les amendes éloignées !

Après la visite des sublimes falaises d’Etretat et sa chapelle à la vue imprenable, nous reprenons la route vers Le Havre pour se balader dans le plus grand port de France et y découvrir l’immensité du lieu. L’occasion de me concentrer sur un point que j’affectionne tout particulièrement durant le trajet : Le pédalier.
Comment ne pas tomber amoureux de ces 3 bouts en aluminium qui vous ouvre les portes du plaisir (à se demander si je suis fétichiste). Abarth est un génie des pédales… personne n’a jamais dit ça je suppose, mais j’y crois fermement ! J’avais eu l’occasion d’essayer une Punto Evo Abarth. Elle m’avait comblé par sa facilité d’effectuer des talons pointes. Et pourtant la pédale d’accélérateur ne venait pas du plancher ! Sur la 124, nous reprenons l’architecture de la MX-5 évidemment mais toujours à la sauce Scorpion et la recette fonctionne.
Une fois arrivé au port, l’occasion était trop belle pour ne pas vous faire des photos dans ce dédale industriel aux proportions intimidantes.

Allez ! Pas de temps à perdre, nous reprenons la route afin de visiter Honfleur et son centre si charmant.
Un petit café sur le port à contempler le balai des mouettes et le tangage des voiliers. Je suis un touriste ? Oui… Et j’assume !
Dernière étape pour la soirée, Deauville. Le temps redevient clément, l’occasion d’ouvrir les fenêtres et de découvrir un tout autre monde : L’aberration auditive menée par cet échappement « record Monza ».
Jamais un échappement n’a porté un si beau nom. Mais cette appellation est à la hauteur de sa sonorité : Elle est unique dans le grand dédalle des 4 cylindres.
Avez-vous, comme moi, joué avec des pétards quand vous étiez un ado rebelle ? Pourquoi cette question saugrenue me diriez-vous… j’ai retrouvé ces souvenirs au premier passage de rapport un peu dynamique : Tel un bison 5 qui vous explose dans les tympans. On ne sait jamais quand ça va péter, ni l’intensité du bruit… C’est le goût du risque tout simplement !

Le week-end Normand s’achève doucement, le temps de ressasser ce beau moment schizophrène entre la beauté des paysages et l’amour que je porte pour cette voiture. Elle représente parfaitement la définition que je me fais de l’automobile. A l’encontre du « déplaçoire » du point A au point B. Elle n’est pas pratique, elle n’est pas silencieuse, elle n’est pas très confortable, elle n’est pas non plus très écologique. Mais ce sont des points qui, pour un puriste, sont comme une chanson de JUL : Ils y a des gens qui aiment, et tant mieux pour eux, mais nous on préfère un bon Pink Floyd : un truc qui vit, qui transporte. Cette voiture peut se comparer à un morceau de ce groupe Mythique, au début, elle est facile, calme, je dirais même assagie. Mais on ressent le potentiel, on sent qu’elle peut exploser à tout moment, pour notre plus grand plaisir, avec tous les instruments en harmonie. A vous d’être un David Gilmour dans votre Abarth. Si vous partagez la même vision que moi, elle ne pourra que vous plaire.












